Bourse des matières premières agricoles de Côte d’Ivoire : ça avance !
Une délégation de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), emmenée par son directeur général Félix Edoh Kossi Amenounve, s’est rendue fin mai à Korhogo, afin d’évaluer les conditions de démarrage du projet.
Engagé en début d’année, le projet de Bourse des matières premières agricoles (BMPA) se concrétise peu à peu. Après le lancement début février d’un programme de 3 mois destiné à former les acteurs de sa mise en œuvre, une nouvelle étape a été franchie le 27 mai avec une rencontre entre les équipes de la BRVM, les autorités de la région du Poro (Nord du pays) et la représentation régionale du ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MINADER). Au menu : la visite d’exploitations agricoles, coopératives, marchés, centres de groupage, entrepôts, unités de transformation, etc., afin de présenter l’initiative et sensibiliser l’ensemble des acteurs de la région à son importance et son impact sur l’optimisation du secteur agricole ivoirien.
La création d’un marché à terme des matières premières agricoles est à l’ordre du jour depuis plusieurs années, mais c’est seulement fin 2018 que la BRVM et la direction générale de l’Autorité de régulation du système de récépissés d’entreposage (ARRE) – opérationnelle depuis le mois de mars de la même année – se sont officiellement accordées sur une feuille de route commune en vue de sa mise en œuvre. L’institution financière de l’UEMOA endosse le rôle d’assistant technique, tandis que la régulation de l’activité de la BMPA et la prise en charge de son fonctionnement reviennent à l’ARRE.
La Bourse des matières premières agricoles de Côte d’Ivoire s’inscrit dans la mise en œuvre du second programme national d’investissement agricole (PNIA 2018-2025), qui a pour ambition de doter la Côte d’Ivoire d’une agriculture durable, compétitive, et créatrice de richesses équitablement partagées. Selon le ministre ivoirien de l’Agriculture et du Développement rural Mamadou Sangafowa Coulibaly, « ce programme vise principalement l’encouragement de l’investissement, la facilitation des opérations sur le marché physique, et le développement de nouvelles solutions de financement des opérations sur le marché des produits agricoles ».
Plus concrètement, il s’agit d’améliorer la capacité de négociation des producteurs, de réduire les coûts de transaction en permettant aux petits opérateurs d’accéder à des couvertures du risque de change, et de renforcer la circulation des capitaux dans les filières, les financements agricoles, la traçabilité, et l’efficacité des chaînes de valeur – notamment dans le but de limiter les pertes post-récoltes. Pour les producteurs, ce sera l’occasion de retirer un meilleur prix, mais également de bénéficier de plus de visibilité et de stabilité. Les transformateurs, eux, pourront s’assurer d’un bon approvisionnement, ce qui devrait, à terme, accélérer le processus d’installation d’unités industrielles.
Prévue pour entrer en activité d’ici juin 2020, la BMPA se concentrera dans un premier temps sur trois compartiments : l’anacarde, la noix de cola et le maïs. Le cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur et transformateur mondial, en serait a priori exclu, étant déjà un marché « bien organisé » selon le ministre de l’Agriculture. En revanche, estime ce dernier, « le pays connaît de graves déséquilibres d’une région à l’autre concernant les cultures vivrières (riz, manioc, igname…) qu’une bourse agricole pourrait aider à surmonter ».
Avec la mise en œuvre effective de cette nouvelle plateforme, la Côte d’Ivoire, pays agricole majeur du continent, rejoindrait le club très fermé des États africains dotés d’une bourse des matières premières agricoles (Éthiopie, Rwanda, Ghana…). Il était temps !